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Cicatrisation :
les 7secrets
d’une prise en charge efficace

D’après une interview avec le Docteur Bruno Dell’Isola,

Chef de service de Médecine Interne,

Hôpital Suisse de Paris

1 Un diagnostic rapide

Pour toute plaie de façon générale, la rapidité est un facteur clé.

Plus on pose un diagnostic rapide, plus on traite rapidement et plus on a de chance de guérison. Quand on prend trop de temps, le risque d’atteinte nécrotique augmente et le délai de cicatrisation est considérablement accru. Chez les personnes à risques de plaie chronique (diabétiques, personnes âgées…), il est donc important d’évaluer régulièrement, notamment au moment des toilettes, l’état de la peau et la présence éventuelle de rougeurs ou de lésions.

Le score de Norton, une échelle d’évaluation du risque d’escarre, se révèle être un outil précieux. Ce score doit être réalisé régulièrement (au moins une fois par semaine) afin de guider le choix du matelas et le degré de prise en charge kinésithérapique. Le diagnostic rapide doit tenir compte des pathologies sous-jacentes ou des comorbidités dont peut souffrir le patient.

Enfin, il peut également nécessiter des examens complémentaires comme l’échodoppler, l’index de pression systolique ou le test de monofilament pour le diabète 

2 Un travail d’équipe

Une équipe pluridisciplinaire est indispensable dans la gestion des plaies.

Chaque plaie est particulière et nécessite une vision stéréoscopique à différents niveaux :

>> Infirmiers et aides-soignants : vision locale. Ils connaissent le traitement local et peuvent prévenir l’apparition de nouvelles lésions. Ils ont également une vision plus sociale du patient et peuvent mettre en avant des problèmes d’isolement. 

>> Médecins généralistes et spécialistes : vision plus globale. Ils contextualisent la plaie dans une pathologie générale. Un traitement local ne peut pas suffire s’il existe une pathologie sous-jacente. 

 >> Diététicien, kinésithérapeute, assistant social : vision spécifique d’un pan de vie du patient. Ils permettent une prise en charge complète.

>> Pharmaciens : vision du médicament et du pansement. Ils assurent une dispensation de qualité auprès du patient et de sa famille.

3 L’expertise de l’équipe

L’intérêt du travail en équipe pluridisciplinaire est que chaque personnel soignant apporte son expertise.

L’expertise est indispensable pour une bonne gestion des plaies. Qu’elle soit obtenue par un diplôme (ex : DU) ou par l’expérience, l’expertise de chaque membre de l’équipe soignante va permettre d’adapter les soins au fur et à mesure du processus de cicatrisation.

Il existe des règles générales en fonction du type de plaies. Néanmoins, pour un même type de plaie, les soins peuvent différer en fonction de différents facteurs (état général du patient, hygiène, douleur, environnement, localisation…). Chaque membre de l’équipe doit pouvoir amener son expertise à son niveau.

4 Des soins adaptés localement

Chaque plaie a besoin d’un traitement local spécifique.

Le diagnostic coloriel va guider le choix des soins locaux mais il n’est pas le seul élément à prendre en compte. En effet, une plaie très humide peut nécessiter un pansement qui absorbe les exsudats. Néanmoins, au bout de 24h, cette plaie peut devenir trop sèche et il faudra alors changer de soin.

De même, en fonction de l’atteinte nécrotique, une détersion peut s’avérer nécessaire, mais le choix de la méthode va dépendre de la plaie et du patient. Il faut donc savoir adapter les soins en fonction des patients mais aussi en fonction de l’évolution de la cicatrisation chez un même patient. Il faut savoir se remettre en cause !

5 Une nutrition de qualité au centre
de la prise en charge holistique

Une plaie ne cicatrise pas quand le patient est dénutri !

Une nutrition protéique adaptée est nécessaire pour permettre à la peau de guérir. Si l’on imagine les soins locaux comme le ciment nécessaire à la reconstruction de la peau, l’alimentation, elle, apporte les briques indispensables. Le suivi du poids et de l’IMC est un élément obligatoire lors d’une hospitalisation et cela devrait être également le cas en ville. La prise en charge de la nutrition par un diététicien est importante, particulièrement pour les plaies chroniques. Au delà de la nutrition, il est important de prendre en compte le patient dans sa globalité, c’est à dire les pathologies sous-jacentes et les comorbidités dont il peut souffrir mais aussi son âge, son hygiène ou son activité.

6 La traçabilité des soins locaux

La traçabilité des soins locaux tout au long du parcours de soins est
indispensable pour une continuité des soins optimale.

Que ce soit en ville, ou à l’hôpital, il est important de mettre en place un dossier partagé (informatique ou sous forme de carnet de liaison) afin que tous les intervenants puissent suivre l’évolution de la plaie. Tout le monde peut et doit contribuer à ce dossier avec son expertise (recommandations, ordonnances, photos…). Un professionnel de santé ne travaille pas 24h/24, il est donc très important d’avoir un descriptif complet et des photos si possible. En effet, une plaie peut paraître en mauvais état pour quelqu’un qui ne l’aurait jamais vue auparavant, mais cette même plaie peut être en meilleur état que la veille. Le dossier partagé est aussi important pour les professionnels de santé que pour le patient lui-même, qui peut alors avoir une vision globale du suivi de sa plaie

7 La surveillance

La surveillance doit être présente tout au long du processus de cicatrisation
mais aussi après la cicatrisation.

En effet, une plaie cicatrisée reste une zone sensible et peut donner lieu à des récidives. Il faut donc garder les bonnes habitudes même après la cicatrisation (nutrition, hygiène de vie, surveillance des autres zones).
Chez les sujets âgés, le terrain favorisant les lésions persiste fréquemment. À l’instar de l’ostéoporose pour les os, on peut parler de dermatoporose pour la peau. Il faut donc rester vigilant aux récidives (prévention secondaire) ou à l’apparition de nouvelles lésions dans d’autres endroits (prévention primaire).