L’EXSUDAT
D’après une interview avec
le Docteur Marine Le Crane,
Gériatre, Hôpital Sainte Périne AP-HP, Paris
Définition
Composition
L’exsudat de la plaie aiguë : un agent de cicatrisation
L’exsudat des plaies chroniques : un agent inflammatoire entrainant un retard de cicatrisation
Volume excessif d’exsudat et risque de macération cutanée
Évaluation : volume et type d’exsudat
Une évaluation correcte de l’exsudat est essentielle pour une gestion appropriée de la plaie et une cicatrisation normale. D’autant plus que l’exsudat est également une source précieuse et abondante d’information sur l’état de la plaie, le processus de cicatrisation, la présence d’une infection et l’état de santé général du patient, permettant de faire les choix thérapeutiques les plus appropriés.
L’évaluation de l’exsudat repose sur les informations recueillies par la détermination du volume et par l’examen de la couleur, de la consistance et de l’odeur de l’exsudat.
Le niveau normal ou optimal d’exsudat, pour un processus de cicatrisation rapide et non perturbé n’a pas encore été déterminé. Il existe plusieurs méthodes pour mesurer la quantité d’exsudat produite par la plaie : recueillir le fluide dans un sac de drainage, recueillir et peser les pansements imbibés, ou se référer à la fréquence de changement des pansements. Sur les fiches d’évaluation de la plaie, les quantités d’exsudat sont à indiquer par l’utilisation des symboles +, ++, +++, par les adjectifs « petit/léger », « modéré » et « lourd », ou en utilisant la graduation plus détaillée selon différents descripteurs, y compris le niveau de saturation du pansement. En l’absence d’outil objectif validé pour sa mesure, ces méthodes reposent toutes sur des appréciations et perceptions subjectives du personnel soignant. Elles sont imprécises et ce même pour les soignants très expérimentés.
Ces multiples facteurs nécessitent l’intégration de l’évaluation du patient dans une approche holistique pour mieux comprendre la production d’exsudat. L’exsudat est évalué dans le temps, une production d’exsudat modérée indiquant une évolution normale, tandis qu’une augmentation soudaine du volume d’exsudat est un signe possible d’inflammation.
Les exsudats ont des aspects différents en termes de couleur, de consistance et d’odeur.
L’exsudat peut être :
– Sanglant et séro-sanglant– mince, aqueux rouge vif, rouge pâle à rose ; indicateur d’infection de la plaie, de trouble hémorragique sous-jacent, de traumatisme de la plaie, voire de malnutrition ;
– Séreux (normal) – mince, aqueux, clair ambré ; exsudat normal mais pouvant être associé à une infection par le Staphylococcus aureus ;
– Purulent – mince ou épais, laiteux, crémeux, opaque, bronzé à jaune, avec une odeur déplaisante ; indicateur d’inflammation, d‘infection, de présence de tissus nécrotiques ou de matériel provenant d’une fistule entérique ou urinaire ; et enfin
– Purulent fétide– épais, opaque, jaune à vert, avec une odeur nauséabonde ; indicateur d’infection bactérienne, souvent par Pseudomonas aeruginosa.
Ces différents types d’exsudat permettent l’identification de divers processus pathogènes, l’évaluation de l’exsudat contribuant ainsi à l’établissement d’un protocole de soins adapté.
Comment gérer l'exsudat
La réduction du volume excessif d’exsudat est une priorité pour éviter la macération et donc la détérioration de la plaie. Une approche systémique doit être associée à la prise en charge locale (par exemple prise en charge de l’insuffisance cardiaque, d’une infection, de l’insuffisance veineuse, de l’incontinence).
Les soins locaux consistent à débrider et nettoyer la plaie, puis à choisir un pansement approprié sélectionné en fonction du volume et de la nature de l’exsudat, de la taille, de l’état et de la localisation de la plaie, et de l’état de la peau péri-lésionnelle. Des dispositifs de collecte sont prévus pour les plaies avec une fistule entérale ou liée à un vaisseau lymphatique, très fortement exsudatives.
Il est très important d’estimer correctement la durée optimale de port du pansement et de respecter la fréquence de changement des pansements, en fonction du volume d’exsudat, pour éviter la macération et une éventuelle infection.
La thérapie par pression négative topique (TPN) locale a toute sa place pour des plaies aiguës et chroniques, avec l’avantage d’éliminer les toxines bactériennes et les MMP.
Conclusion
- le sexe, les hommes produisant plus d’exsudat que les femmes ;
- une température plus élevée entraînant une dilatation des capillaires ;
- les modifications biochimiques au sein de l’organisme ;
- une augmentation de la pression hydrostatique due à la posture du patientou à l’hypertension veineuse ;
- le type, la surface et profondeur, et le stade de cicatrisation de la plaie ;
- certains pansements et traitements topiques ;
- l’infection de la plaie ;
- certaines comorbidités ;
- la présence des corps étrangers ou nécrotiques ;
- la malnutrition ;
- une mauvaise observance des soins